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COMMUNIQUÉ DE PRESSE n°: 07

Progresser dans la communion

Winnipeg (Canada), 22 juillet 2003 - Dans son rapport présenté à la Dixième Assemblée de la Fédération luthérienne mondiale (FLM) sur le travail accompli depuis la dernière Assemblée, à Hong-kong en 1997, le Secrétaire général, Ishmael Noko, a fait porter l’accent essentiellement sur « la communion », ses implications et ses conséquences pour la vie des églises membres de la FLM et leurs relations mutuelles. Une communion qu’il convient de renforcer et d’approfondir davantage encore, sans que pour autant l’autonomie de chaque Église soit remise en cause ni la diversité au sein de la FLM niée.

Alors que le thème - « pour guérir le monde » - de l’Assemblée a été choisi il y a deux ans déjà, les événements qui se sont produits dans le monde n’ont, depuis lors, cessé d’en confirmer l’opportunité. Car, souligne le pasteur Noko, « nous vivons dans un monde brisé par le péché », où les injustices et les violences ne cessent de croître - la récente guerre contre l’Irak n’en étant qu’un tragique exemple. Celle-ci a placé la communauté mondiale devant un choix très difficile « entre l’impunité dont bénéficient les dictateurs d’une part et la soumission à une hégémonie unipolaire d’autre part » . Mais d’autres pays souffrent des mêmes maux, à titre d’exemple Noko nomme la République démocratique du Congo, la Colombie, Israël et la Palestine, le Zimbabwe, « et à nouveau le Liberia où les Églises membres de la FLM s’efforcent d’être des témoins fidèles de l’Evangile au milieu des effusions de sang ».

Au total, les Églises sont, un peu partout dans le monde, les témoins de l’ambiguïté qui caractérise le phénomène propre à notre temps : la mondialisation. D’une part, celle-ci contribue à l’affaiblissement de régimes politiques totalitaires et permet l’établissement de nouveaux mécanismes internationaux dans le domaine de la justice ou de la communication. Mais d’autre part, elle mène « à une fragmentation, une marginalisation et une division croissante ». Ainsi, note le Secrétaire général de la FLM, « on estime à 2’8 milliards, c’est-à-dire près de la moitié des habitant(e)s de la planète, le nombre de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour. » le fossé entre riches et pauvres ne cesse de se creuser. Or, souligne Noko, « le drame de la pauvreté est bien davantage que l’absence de biens matériels. Il inflige aussi des blessures spirituelles qui ruinent le respect et l’estime de soi et la confiance en soi. Il porte atteinte à la dignité et à la valeur que Dieu a donnée également à tous les êtres humains et sape par là même toute notion de communauté et de communion. »

C’est ici que les Églises sont placées devant le défi de contribuer à la guérison du monde. Mais, précise le Secrétaire général, « notre foi est fondée sur un paradoxe : l’image et la réalité du Messie crucifié. Le divin pouvoir de guérison du Dieu tout-puissant s’exprime au travers des souffrances, du sacrifice, des blessures et de la vulnérabilité » et l’Église, dans son ministère guérison, doit, elle aussi « porter les stigmates du sacrifice du Christ qui apporte la guérison ».

Malgré cela, l’Église est appelée à être une « communion », prête à « affronter les pouvoirs et principautés de notre village planétaire qui nie la dignité humaine ». Dans ce ministère, la FLM est aux yeux du Secrétaire général un instrument représentant les « ligaments institutionnels » d’un corps vivant. « Tous ces ligaments - que sont l’Assemblée, le Conseil et ses commissions, le secrétariat et les comités nationaux - « ne constituent certes paseux-mêmes la communion, mais ils font partie intégrante de sa vie. Ils lui permettent de fonctionner... en tant que communion spirituelle ».

Pour cela il est nécessaire d’avoir une « stratégie de la communication ». Et le pasteur Noko signale tous les efforts entrepris par la FLM dans ce domaine.

La communion a besoin, cependant, d’être renforcée et de devenir plus ouverte, notamment en augmentant les efforts pour une totale intégration des femmes et des jeunes. « La violence envers les femmes est une forme d’exclusion radicale qui méprise l’image de Dieu chez la victime aussi bien que chez l’auteur de cette violence. Elle constitue un défi fondamental qui rejaillit à la fois sur la vie de l’Église et sur celle de la société dans laquelle celle-ci rend témoignage. »

Puis, le Secrétaire général se penche sur les relations entre les Églises, regrettant que « le souhait ardent d’une communion luthérienne plénière n’est pas encore réalisé » puisque plus de trois millions de membres d’Églises luthériennes restent encore en-dehors de la communion de la FLM. Mais, signale-t-il, des consultations sont en cours avec des représentants du Conseil luthérien international (ILC) qui regroupe la plupart des Églises luthériennes ne faisant pas partie de la FLM.

Communion signifie également engagement oecuménique. Pour le Secrétaire général de la FLM, « le mouvement oecuménique demeure un processus de guérison profondément significatif. Il informe que les commissions mixtes de dialogue avec l’Église catholique et les Églises orthodoxes continuent à accomplir un important travail, et que deux groupes de dialogue avec la Communion anglicane et l’Alliance réformée mondiale (WARC) ont soumis leurs rapports. En même temps la collaboration avec le Conseil oecuménique des Églises se poursuit et s’intensifie. Il convient, néanmoins, selon le pasteur Noko, que dans la période qui vient d’importants efforts soient faits pour que cette évolution des relations oecuméniques se poursuive de manière accrue dans l’hémisphère sud.

Communion signifie, enfin, mission et diaconie : la Fédération luthérienne ne peut être une véritable communion que si elle s’emploie à promouvoir l’unité et s’engage dans la mission et la diaconie - ces trois « marques » de l’Église depuis ses origines. La campagne mondiale contre le virus HIV/sida entreprise par la FLM et ses Églises membres en est une vivante illustration.

Communion signifie également relever ensemble les défis que représentent aujourd’hui les questions sociales et éthiques souvent complexes. L’une de ces questions est celle de la mondialisation, ou la légitimité éthique de la dette extérieures des pays en développement - une question soulevée récemment par certaines Églises d’Amérique Latine. Mais c’est aussi la question de l’homosexualité et des attitudes envers les personnes homosexuelles - une question liée à la fois à l’anthropologie et à la théologie et la spiritualité ainsi qu’aux droits de la personne humaine. Le Secrétaire général propose donc qu’au sein de la communion luthérienne soit entrepris un processus de consultation, d’échange, de discussion et de prière « pour rechercher la sagesse du Saint esprit, afin qu’elle nous guide ».

Dernier domaine dans lequel selon le Secrétaire général la Communion doit faire ses preuves : le dialogue interreligieux. « L’un des grands défis auxquels nous sommes confrontés, en particulier à la lumière des événements récents, est la guérison entre les trois grandes religions monothéistes. » Chacune des Églises membres, et la FLM en tant qu’organisation internationale, portent dans le contexte qui est le leur une responsabilité dans ce domaine.

Au total, le secrétaire général conclut : « Nous ne pouvons pas guérir le monde, mais nous savons que le Christ et l’Esprit peuvent le faire, l’ont fait et le feront. Telle est la base sur laquelle nous nous appuyons lors de cette assemblée. »

La Dixième Assemblée de la FLM se tient du 21 au 31 juillet 2003 dans la ville canadienne de Winnipeg autour du thème: « Pour guérir le monde ». L'organisation invitante est l'Église évangélique luthérienne au Canada (ELCIC).

Cette Dixième Assemblée réunit 820 hommes et femmes, dont 380 délégué(e)s des 133 églises membres de la FLM et représentant(e)s des églises membres associées. L'Assemblée, qui se réunit en règle générale tous les six ans, est l'organe de décision suprême de la Fédération. D'une Assemblée à l'autre, les affaires de la FLM sont gérées par le Conseil et par le Comité exécutif de la Fédération.

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